L'automne me dévore

C’est vrai que j’ai cette colère en moi.

Pour moi ça n’est pas de la colère, mais le moyen maladroit d’extérioriser mes émotions plutôt que de m’enfermer dans une bulle et être agressive à la moindre tentative de contact humain.

C’est ce que je suis en réalité. Visiblement je n’envoie pas de l’amour en ce moment.

Je me force à sortir alors qu’en réalité j’ai besoin d’être seule.

Je me sens vide.

Il y a toujours du monde autour de moi, du bruit, de l’agitation. Des conversations. Je suis assise à cette table parmi eux. Je ne suis là que physiquement.

Quand on remarque mon absence, mon silence lourd et gênant, je m’excuse d’être ailleurs. On me demande où suis-je puisque je ne suis pas là avec eux. Dans ma tête.

Quand je sens que mes émotions remontent à la surface, je m’excuse d’être de mauvaise compagnie et je m’en vais.

Aucune émotion ne sort, pas même les larmes que je sens venir et me torture le coeur.

Je suis incapable de pleurer bien que j’en ai constamment l’envie. Je suis incapable de ressentir quoi que ce soit en réalité. Je suis juste ailleurs.

Je ne me sens pas bien ici et cette saison me dévore.

Je ne trouve pas d’issue à cette douleur, elle est là constamment. Il n’y a aucun moment qui peut apaiser ce vide. Quand je travaille, c’est cette douleur qui m’inspire ; je n’en sors donc jamais.

Paradoxalement, ça m’en sauve. Mettre ma créativité au service de cette douleur me sauve.

Je n’écris rien de bon en ce moment, je me lance puis je doute. L’idée que e tente d’exprimer devient confuse. Si j’étais claire, j’écrirais les choses directement sans chercher à les globaliser et à contourner le sujet initial.

Mais je n’ai même pas envie d’en parler. A personne. Comme avant. Ne rien dire. Tout garder pour moi, en moi.

Je ne sais pas faire semblant, je n’y arrive pas.

Parfois, j’aimerais de tout mon coeur pouvoir masquer mes émotions lorsque je suis en public, ne pas avoir un visage si expressif. Mais je n’y arrive pas.

Mon visage finit toujours par me trahir.