Vendredi 7 septembre
Je n'ai pas envie d'en parler je crois. Je prétends que tout va bien, mon sourire ne se décroche pas une seconde. En vérité moi ça va, ce sont les émotions d’autrui que je ressens. Elles sont d'une violence, je n'ai jamais connu ça. Elles ne m'appartiennent pas.
J'y ai beaucoup pensé la semaine dernière je dois l'avouer, parce que je savais que je devais fermer le livre et en démarrer un nouveau, le fameux « changement de cycle ». je l'ai vu venir, mais ça se fait toujours dans la douleur, à croire que je n'ai pas suffisamment confiance en l'avenir pour rester bloquer à la même page du livre. Je sais pourtant que le meilleur est à venir et que si j'ai survécu à cette année émotionnellement parlant, il ne peut y avoir que du bonheur. Je n'ai pas peur, et je crois que je suis prête. Ce qui est dur c'est de dire adieu avant d'avoir dit bonjour, ce sentiment d'inachevé, de même pas entamé, ce rejet qui remonte à la surface. Longtemps je pensais que c'était mon égo qui réagissait, puis j'ai pris mon mal en patience et j'ai osé. Et puis rien. Un silence monacale digne du Vatican. Mais j'ai compris sur le tard que la leçon que j'ai apprise est bien plus belle que toutes ces émotions que j'ai pu ressentir. Je n'ai jamais ressenti de haine, ni même de colère, ça n'est pas légitime et je ne suis pas comme ça.
Je ne m'en veux pas une seule seconde, parce que pour une fois, j'ai dit ce que je ressentais, je l'ai exprimé, je l'ai sorti. Bon, je ne pouvais pas savoir que je n'allais jamais avoir de retour. Elle est là la leçon. J'ai ouvert mon coeur, j'ai mis mon égo, mes fiertés, mes peurs et blessures de côté. J'ai été capable de le faire, j'ai laissé mon coeur parler, j'ai été fidèle à moi même, je n'ai pas porté de masque. Je crois même que tout ce cheminement m'a aidé à me connaître d'avantage, à acquérir une certaine sagesse, sur le tard. Au moment où j'écris ces lignes, je suis en paix.
Je ne pense pas qu'il ne me mérite pas, qu'il n'est pas quelqu'un de bien. Je ne pense pas non plus qu'il est un lâche, un fuyant ou un peureux. Qu'il ne trouvera jamais quelqu'un comme moi. De toute façon, je reste certaine que jamais il n'aurait su me rendre heureuse. Qu'encore une fois, j'allais devoir tout porter, m'en occuper. Je ne veux plus d'égoïste dans ma vie, je ne veux plus d'homme qui se repose sur moi sans jamais penser à mon repos et mes émotions.
J'ai besoin de quelqu'un qui puisse m'écouter moi aussi, me protéger, me faire du bien. Quelqu'un qui ne prendra pas la fuite si je décide de m'en aller quelques mois.
Je ne recherche pas l'amour absolu, ni ma flamme jumelle. Aujourd'hui j'ai simplement besoin de douceur, d'affection. D'un homme qui me fasse à manger, qui m'écoute raconter ma journée, me fasse rire quand mon sourire aura décroché, qu'il me prenne dans ses bras quand le coeur n'y sera pas. Quelque chose de simple, sincère et sain.
Et j'y crois. En fermant le livre, j'ai failli repartir dans des schémas que j'ai bien trop souvent connu. Me renfermer, renier mon besoin d'affection. Ça me rendait aigri et vide. Je ne veux plus me priver du bonheur même éphémère, ni me couper du monde et rester concentrée sur mes projets, persuadée que seul ça peut me combler. C'est faux. Alors j'ai décidé de m'ouvrir plus, à d'autres opportunités qui m'entourent, celles que je ne voulais pas voir. J'ai ouvert la porte, j'ai fait un pas.